La thématique du festival India Express se concentre sur les quatre mégapoles que sont Delhi, Mumbai/Bombay, Calcutta et Chennai. C’est en effet une tradition du Forum des Images « de brosser tous les ans ou tous les deux ans le portrait d’une ville », rappelle Laurence Briot, programmatrice dans ce centre du cinéma de la Ville de Paris. Après avoir traité par exemple Berlin et Londres, le Forum a voulu s’attaquer à l’Inde mais en étendant son approche à plusieurs villes : « Si nous nous étions concentrés sur Mumbai, nous n’aurions pas montré la diversité géographique et linguistique » du cinéma indien, souligne-t-elle. D’où la décision d’organiser le festival autour des quatre plus grandes métropoles du pays – un choix qui n’empêche pas, malgré tout, la présence dans la programmation de quelques films et thèmes fort peu urbains.Eclectique, la gamme de films montrés pendant six semaines s’organise autour de trois pôles : quelques classiques du cinéma indien du siècle dernier, une palette de films représentatifs des grandes productions Bollywood et enfin un choix de films indépendants contemporains. Puisant largement dans des valeurs sûres et reconnues, le programme réserve relativement peu de découvertes pour les cinéphiles déjà passionnés par le cinéma indien. En revanche, il fournit à ceux qui veulent s’y intéresser une occasion parfaite d’aborder cet univers aussi riche que déroutant.
Au chapitre des classiques figurent des œuvres de Guru Dutt ou Satyajit Ray remontant aux années 1950 ou 60. Très fourni, le volet Bollywood présente de grands succès des années 2000. Ces films produits par l’énorme machine cinématographique de Bombay se caractérisent avant tout par leur débauche de couleurs, de musiques et de danse. Ils ne se bornent pas tous pour autant à rabâcher des mélos sentimentaux (même si c’est souvent le cas). Les meilleurs « font aussi passer des idées et abordent des thèmes comme les tensions intercommunautaires, les conflits frontaliers ou les questions féministes », précise Laurence Briot.
Dans ce registre, on pourra par exemple regarder le célèbre Lagaan qui traite des relations entre occupants britanniques et paysans oppressés au XIXème siècle, ou encore Swades, qui voit un Indien expatrié aux Etats-Unis redécouvrir brutalement les réalités de la misère du monde rural à l’occasion d’un retour au pays. Pour un Bollywood 100 % pur jus, trois heures de mélo à la puissance dix sans message ni profondeur mais prodigieux de chorégraphie, de musique et de vitalité, ne pas rater La famille indienne – dépaysement garanti !
C’est au chapitre du cinéma d’auteur, dit « indépendant », que l’on pourra trouver les films les plus intéressants. Ces toutes dernières années ont vu se multiplier de telles productions qui visent un succès commercial sans sacrifier aux codes de Bollywood, sans recourir aux super stars hors de prix et en traitant souvent de thèmes sociaux ou psychologiques ancrés dans la réalité de l’Inde d’aujourd’hui. Le festival propose certains titres déjà bien connus comme The lunchbox ou encore Les gangs de Wasseypur. D’autres gagneront à être découverts, comme le très intéressant Court, une plongée dans les méandres de la justice indienne.