Regard d’une hôte indienne sur l’accueil à Vadodara

 dans Voyages : Récits et Prochains Voyages

Champaner & PavagadhCette habitante de Vadodara nous transmet sa perception de l’accueil des Français en Inde, et l’amour de sa ville.

Le concept de l’accueil en famille indienne est fantastique et chaque année sa mise en pratique une grande réussite. C’est pourquoi malgré nos professions médicales qui nous absorbent beaucoup, mon mari et moi sommes ravis d’accueillir depuis 24 ans des Français de Perspectives Asiennes qui veulent découvrir l’Inde grâce à leurs hôtes indiens faisant partie de notre Association de  Vadodara.

C’est vraiment le meilleur moyen de connaitre un pays que de partager le quotidien de ses habitants et de suivre dans la journée un programme culturel pour s’initier à tous les aspects du pays. Les liens d’amitié qui se créent peuvent être forts et durables. Je suis restée proche de quatre couples français que je revois en France ou en Inde. En 24 ans, j’ai été déçue seulement deux fois : par un couple qui ne communiquait qu’entre eux, et par une jeune femme qui semblait ne s’intéresser à rien, sans curiosité apparente pour notre curiosité, notre vie et nous-mêmes. Nous avons essayé de savoir si la nourriture lui déplaisait, ou le programme, le rythme. Tout allait bien nous disait-elle sans s’étendre mais elle restait fermée. Aussi bien le couple que cette jeune femme parlaient bien l’anglais. La langue n’est pas un obstacle. C’est l’ouverture d’esprit, le désir de découvrir une culture, l’envie de partager et la curiosité en face de l’inconnu qui sont essentiels et doivent motiver le désir de se rendre dans notre pays par le biais d’associations qui rapprochent Français et Indiens.

Le langage des yeux et des mains nous permettent aussi de communiquer, de passer de bons moments de rire et d’amitié. Je n’ai jamais oublié Rose. Elle n’avait jamais appris l’anglais, elle s’y était mise l’année avant de venir mais le résultat était très léger. Son mari chargé de traduire se lassait vite. Nous adorions nous retrouver le soir pour cuisiner. C’est avec elle que j’ai appris à faire la sauce blanche, elle était accro à mon thé à la cardamome qu’elle vantait à tout le monde et essayait tout ce que nous lui proposions même si elle ne prenait qu’une bouchée ou deux des plats qui la déroutaient trop. Son mari et elle appréciaient toutes les sorties ou activités que nous leur proposions, le week-end ou le soir. Ils s’intéressaient à nos enfants, regardaient leurs cahiers et quand la nuit était noire, nous observions souvent les étoiles. Notre ciel les passionnait. Après leur départ, nous n’avons pas pu continuer à communiquer car au téléphone si on ne connait pas correctement l’anglais ce n’est pas facile. Nous nous sommes quand même appelées ; elle me redisait que mon thé à la cardamome était « wonderful » et qu’il lui manquait beaucoup comme nous tous, nous riions et je lui parlais de sa sauce blanche qui pour moi est la sauce Rose que j’enseignais à mes amis indiennes, en ajoutant épices et poivre…bien sûr !

En général c’est mieux pour nous si le groupe français comporte des jeunes avec des moins jeunes. La présence de jeunes nous aide à impliquer nos enfants, à les intéresser. Parce qu’ils parlent le même langage, celui de la jeunesse, et je peux demander à mes enfants d’accompagner le groupe français dans les visites. Nos voisins, nos amis, notre famille réagissent positivement et nous reçoivent, curieux de découvrir nos hôtes. Aucun problème pour les inviter à un ou des mariages pour leur faire découvrir nos coutumes.

Je ne suis sûrement pas objective mais je trouve que Vadodara est une ville universitaire qui se prête bien à la découverte de l’Inde : elle n’est pas du tout dangereuse, de taille moyenne, agréable à vivre, elle permet aux visiteurs de s’y promener seuls, sans crainte. Pourquoi les Français n’y viendraient-ils pas fin octobre, début novembre lors du festival de danse des neuf nuits (Navratri), qui a lieu dans tout le Gujarat à cette période ? C’est à Vadodara que ce festival est le plus extraordinaire ! Savez-vous pourquoi ? Eh bien à Vadodara ce sont les chants Garba traditionnels qui sont donnés, pas les musiques de films commerciaux. Ce sont des chanteurs en chair et en os, accompagnés de musiciens qui font danser durant neuf nuits. On peut voir jusqu’à cent mille jeunes danser en même temps. Les garçons paient un droit d’entrée, pas les filles. Il est interdit d’apporter de la nourriture ou des boissons. Tout le monde danse pour la déesse Amba (Durga). A Vadodara la tenue traditionnelle est obligatoire, c’est superbe. Les musulmans aussi font partie de la fête. Certains ont émis l’idée qu’ils ne devraient pas être présents. Mais à l’unanimité il a été décidé que la fête serait ouverte à tous ceux qui en respectaient les règles quelle que soit leur religion. C’est le seul moment de l’année où nos jeunes de l’Inde oublient de singer les habitudes de l’Ouest. Vous comprenez pourquoi ces neuf nuits sont doublement précieuses.

Les possibilités de visites sont nombreuses dans la ville de Vadodara où vit encore la famille royale dans une partie du Laxmi Vilas Palace (1890). Ce palais a été construit par le Maharaja Sayaji Rao III qui a fait beaucoup pour la ville. Il abrite une importante collection d’armures et un musée de peintures et sculptures. Le Maharaja Sayaji Rao III avait aussi agencé un beau parc très agréable où se trouvent aujourd’hui un zoo, plusieurs musées et le planétarium. On peut en faire le tour en petit train. Une maison marathe tout en bois peut être visitée : elle est très grande et ornée de belles peintures du XIXe siècle. Elle a appartenu au gouverneur de Baroda Bahau Tambekar au milieu du XIXe. La bibliothèque Hansa Metha est surprenante car le verre est présent partout : murs et sol, pour permettre à la lumière de pénétrer au maximum même s’il n’y a pas d’électricité. En Inde, les coupures peuvent être nombreuses ! Nous emmenons aussi chaque fois nos Français passer une journée à Ahmedabad qui n’est qu’à cent kilomètres. Nous mettons maintenant régulièrement au programme la visite du site de Champaner et celle du barrage Sardar Sarovar, le plus large sur la rivière Narmada, pour ceux que cela intéresse. Il fournit de l’électricité, de l’eau pour les maisons et l’irrigation, et permet de réguler les inondations dans le Gujarat. Champaner est un site archéologique qui mêle architecture hindoue et musulmane. Il est classé au patrimoine mondial de l’Unesco et sa visite enchante tout le monde. On y trouve une ancienne capitale hindoue fortifiée et les restes en contrebas de la capitale musulmane du XVI siècle… et toutes sortes de vestiges très intéressants. Nous sommes aussi très fiers car nous avons la première coopérative laitière au monde. Ce sont des femmes qui l’ont lancée et l’ont gérée. L’industrie laitière se trouve à 40 km, à Anan, fabriquant beurre, glace, lait en poudre, fromages…

Quand nos voyageurs viennent en hiver, comme les légumes sont très bons en cette saison nous préparons un plat traditionnel, l’undhiyu. Nous mettons dans des pots en terre des légumes avec un peu d’eau, de l’huile et des épices. Nous les faisons cuire doucement trois heures sous la terre. C’est délicieux et l’occasion de nous réunir pour manger avec famille et amis, tous assis par terre en cercle. Alors n’hésitez pas, venez nous voir à Vadodara !

Puits helicoidal

Comments
  • Gautreau Agnès
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    Je partage à 100% ce regard, après deux voyages là-bas (1998 et 2013) et deux accueils ici (1987 et 2005) aussi, je peux l’affirmer : Vadodara et ses hôtes sont de merveilleux ambassadeurs de l’Inde.

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